Projet Stroh
Les instruments
Kholecteuses 1 et 2
Kolporteur
Nichoirs à chants
Stroh-ukulele
Stroh-cello
Stroh-bass V1
Stroh-violons 1 et 2
Stroh-violon V1
Stroh-bass V2
Stroh-mandole
Histoire et fonctionnement acoustique
L’invention du phonographe par T. Edison, en 1877, permet pour la première fois d’enregistrer un son en gravant un sillon sur un cylindre de cire. Pour fonctionner correctement, la source (instruments de musique, voix, …) doit présenter un niveau sonore important. Ce n’est pas le cas du violon, qui reste un instrument peu puissant.
De façon pragmatique, l’ingénieur Augustus Stroh, en 1899, propose un brevet qui accroît considérablement la directivité du violon, lui permettant de s’adresser clairement au phonographe enregistreur.

Dessin de violon Stroh (extrait du brevet n°9418, A.D. 1899. 4 May 1899. A. Stroh, Improvements in violin and other stringed instruments)
A. Stroh propose des modifications profondes du violon classique en bois conduisant à la naissance du violon Stroh.
- La caisse de résonance est supprimée et remplacée par un corps rigide dont la seule fonction est de maintenir et d’accorder les 4 cordes de l’instrument.
- Le mouvement du chevalet est modifié de façon à en privilégier la rotation autour d’un axe parallèle aux cordes.
- Le chevalet est ainsi raccordé à une membrane placée à l’entrée d’un pavillon acoustique. Ce conduit, emprunté au phonographe, assure le rayonnement du son.
- Stroh fait initialement des essais avec une membrane plate. Il la rend conique pour plus de puissance sonore. Les travaux de Stroh inspireront la forme des membranes de haut-parleur que nous connaissons encore aujourd’hui.

Vue latérale du chevalet oscillant (brevet n°9418, A.D. 1899, 4 May 1899. A. Stroh, Improvements in violin and other stringed instruments)
Augustus Stroh, en empruntant les techniques d’amplification mécanique des phonographes, dessine ce qu’il imagine être le violon du futur. D’autres brevets de violon à pavillons sont déposés à cette époque.
Quand l’enregistrement acoustique est remplacé par l’enregistrement électrique au milieu des années 20, le violon Stroh perd son utilité pour le monde de l’enregistrement et les musicien·nes enregistrent alors avec leurs violons en bois.
Cependant, des instruments connexes comme des guitares dobro, mandolines, basses à pavillon, et aussi le phono fiddle (instrument à une corde et pavillon) font leur apparition… Le violon Stroh est fabriqué à Londres jusqu’en 1942.

Augustus Stroh
1828-1914
Quelques étapes de conception et de fabrication de nos instruments
Moule et contre moule pour membrane
Modelisation 3D du pavillon V2 de Strohbass
Fabrication du cello, corps et esquisse pavillon
Pavillon V1 et illustation du pavillon V2 de la Stroh Bass
Stroh-ukulele, corps et esquisse
Découpe de contrebasse
Fabrication du mandole, corps
Fabrication du mandole, membrane
Au cours de nos recherches sur le violon Stroh, nous avons appris que la Stroh-Bass et que le Stroh-cello avaient existé. Nous avons également compris qu’il serait illusoire d’essayer d’acheter des originaux, trop rares et trop onéreux.
Un grand nombre de rencontres et d’échanges a précédé la construction de nos premiers instruments. Le partage d’informations a été fondamental dans la réussite de cette « renaissance ». Nos recherches pour cette reconstruction Stroh nous ont conduits à la Philharmonie de Paris qui possède un Stroh-cello et un Stroh-violin originaux. Reçus en 2012, par Thierry Maniguet, conservateur du Département cordes du Musée nous avons essayé le Stroh-cello et le Stroh-violin de la collection du Musée.
Nos instruments sont des prototypes, nous continuons à leur apporter des modifications pour poursuivre cette expérimentation acoustique.

Croquis stroh-bass

Croquis stroh-cello
Après les 3 premiers instruments fabriqués en 2012 (violon, violoncelle, contrebasse à pavillons), nous réalisons un second violon plus léger dès 2014 et nous procédons à la modification significative de la contrebasse avec un nouveau pavillon, 3 à 4 fois plus grand.
En 2017, un mandole à pavillon est réalisé, puis en 2022 un ukulélé à pavillons.
L’instrumentarium forain dessiné par Laurent Cadilhac voit naître également quelques cousin·es avec le Kholporteur, la Kholecteuse et le Phono-Stroh (entre 2020 et 2024).
Le prochain instrument qui verra le jour sera un cymbalum à pavillons (sortie prévue en 2026).

Enregistrement en chambre anéchoïque au LAUM (Laboratoire d’Acoustique de l’Université du Mans, 2013)
Remerciements
Tant sur la conception que sur la réalisation, ce projet de lutherie atypique a impliqué directement plusieurs personnes que nous souhaitons citer et remercier ici :
Laurent Cadilhac – Sculpture métal
Alain Pignoux – Lutherie cordes frottées
Bruno Torrès – Lutherie cordes pincées
Robert Kieffer – Études acoustiques et conception pavillons
Christophe Boutin – Conception et usinage connecteurs aluminium
Hubert Champigny – Création de formes en bois pour la fabrication des moules en résine
Christophe Perin – Réalisation des membranes en matériaux composites
Paul Collignon – Réalisation de membranes, d’étuis en matériaux composites
Olavi Linden – Conseil
Philharmonie de Paris – Conseil
François Gautier – Recherche et conseil
Philippe Bureau – Conseil
IUT du Creusot – Fabrication de membranes en composites
Eri et Jean-Baptiste Goto-Deberne – Mesures sur la Strohbass du musée d’instruments de Musashino à Tokyo
Laurent Hardy – Essai de membrane en aluminum
Patrick Prud’homme – Découpe de manches
© Photos : Laurent Cadilhac, Laure Sornique
